Qui connaît actuellement Jeanne Ramel-Cals ? Pourtant, la place qui amorce la montée à la ville-haute se nomme place Jeanne Ramel-Cals.
Jeanne Eugénie Augustine Gibert, (nom de jeune fille) épouse d’Édouard Cals, est née à Albi le 18/02/1883. Ses parents dirigent la tannerie familiale, route de Graulhet. Sa mère, Anaïs, née Lacalm, est une femme d’esprit qui reçoit chez elle Jean Jaurès et correspond avec Maurice Maeterlinck. Jeanne a deux frères : Louis Gibert, qui deviendra un pionnier de l’aviation, et André Gibert qui sera ingénieur et partira construire des routes en Afrique.
A 19 ans, sous le nom de “Mademoiselle Jeanne”, elle expose à Albi, au 1er salon des artistes albigeois, chez Corbière et Julien, trois peintures intitulées “En prière”, “Effet de gris” et “Etude”. Jeanne Gibert aurait pu être peintre. C’est ce que devint sa fille Joséphine Baudoin connue par ses « marmorées ». Toutes deux ont été exposées à Gaillac en 2018.Les portraits qu’elle fit de sa mère Anaïs Lacalm et de son grand père Jean Lacalm dénotent le talent de la jeune fille.
Jane Ramel-Cals et le monde littéraire
Montée à Paris, comme on disait alors, elle trouve bientôt sa voie dans l’écriture. Son don d’observation, sa désinvolture naturelle, sa vivacité d’esprit, son affectueuse ironie baignée d’une tendre poésie, peuvent alors s’épanouir librement. Elle devient journaliste et, sous le nom de Jeanne Ramel-Cals, tient des chroniques régulières dans “Candide”, “Le Crapouillot”, “Le matin”, “Le Petit Journal”, “Le jour”, “Le journal illustré”… et aussi dans la presse régionale : “Sud-Ouest”, “La Dépêche du Midi”, “Le républicain Orléanais”…Parallèlement, elle publie des romans et ses premiers livres obtiennent rapidement un vif succès. La critique en fait l’éloge et promet à l’auteur le plus bel avenir littéraire.
D’elle, Paul Reboux disait : “Elle a surtout beaucoup regardé autour d’elle, d’un regard amusé, narquois et pénétrant. C’est ainsi qu’elle a pu observer les choses et les gens, fixer les traits qui lui semblaient cocasses, et nous donner les plus savoureux albums psychologiques dont on puisse se délecter“.
Connue avec d’autres noms (Jane Cals, Jane L’Hernault) ; Jeanne Ramel-Cals ne se contente pas d’écrire ses livres. N’abandonnant pas son goût pour le dessin, elle les illustre, d’un trait sûr, personnel, très typographique, et qui rappelle le genre de 2 maîtres : Caran d’Ache et H.P. Gassier”.
Les milieux Arts et Lettres s’éprennent d’elle, de son verbe tour à tour bonhomme, naïf, de l’humour quelquefois féroce qui perce, enrobé de fraîche poésie et de quête indulgente. Elle publie ses romans chez Arthème Fayard, Emile Hazan, les Editions de France, à l’imprimerie coopérative du Sud-Ouest Albi, ses nouvelles dans la revue du Mercure de France, la revue des Œuvres Libres et Candide. Elle anime un salon littéraire dans le 16-ème arrondissement, square Alboni, fréquenté par les écrivains Colette, Francis Carco, Anna de Noailles, Fernand Gregh, Frantz Toussaint, Henri Duvernois.
Retours dans le Tarn
En 1940, laissant Paris occupé, elle revient dans son pays natal et s’installe à Cordes, entraînant dans son sillage des artistes de renom (dont Yves Brayer qui regroupa des artistes confirmés ou débutants, exposant sous le nom d’Académie de Cordes). Elle écrira alors “Légendaire de Cordes sur Ciel”, avec le même esprit malicieux et une désinvolture que les historiens lui ont pardonnée, au nom de la légitimité de l’imagination poétique.
Ce nouveau nom de baptême qu’elle donna à la cité, finit par s’imposer. Cordes le-lui doit. Ses amis la surnommèrent “la Dame de Cordes-sur-Ciel”.
Après la libération, elle revint à Cordes tous les étés, dans la maison qui jouxte la Porte des Ormeaux*. Elle en avait orné les ogives de deux “gardiens du seuil”, curieuses statues de pierre qu’elle réalisait en assemblage de roches, aidée de Jean-Marc.
Au M.A.M.C. de Cordes on peut voir « Monsieur de Peyrols » déposé par le Musée Charles Portal.
Plus tard, elle vécut dans l’imposante tour de la Barbacane, face au soleil levant. Elle consacra alors son talent d’écrivain et d’illustrateur, à sa cité de Cordes, à sa ville natale d’Albi et à l’Occitanie, mêlant l’histoire et la légende avec la même poésie et la même satire malicieuse qui firent sa réputation.
Jeanne Ramel-Cals décédée le 21/09/1976 et repose depuis, face à Cordes-sur-Ciel, dans la terre de ses ancêtres maternels, au cimetière de Les Cabannes. Une plaque rappelant son lieu de résidence fut inaugurée sur le mur Est de la Barbacane le 6 septembre 1977, en présence de Jean-Marc président du syndicat d’initiative ,M Ramon maire de Cordes , M Guilhem président des Amis de Cordes et du Comtat Cordais.
“Dans cette tour Barbacane , A vécu Jeanne Ramel-Cals, Poète et Dame de Cordes-sur-Ciel”
Malheureusement un ancien propriétaire, dans une démarche contestataire réitérée, la fit disparaître.
*Qui est devenu le Musée Charles Portal
Nota Bene :
Les Amoureux des bancs publics fait partie des toutes premières chansons que Brassens a chanté sur la scène de chez Patachou. Bien sûr, lorsqu’on se penche sur ce petit joyau, on est tenté de croire qu’il fut inspiré à Brassens par les dessins de Peynet,
La source d’inspiration se trouve vraisemblablement dans un ouvrage de la bibliothèque du chanteur, publié en 1926 sous la plume de Jeanne Ramel-Cals et intitulé « Amours en province ». Dans ce livre retrouvé après la mort du chanteur, ce dernier avait souligné des passages où il est question de “jardins publics”, d'”amoureux sur les bancs”, de “bébé”… Ces lignes ont-elles constitué le point de départ de la chanson ?
C’est probable.
Bibliographie chronologique partielle de Jane Ramel-Cals
Rose | 1918 | |
La Grande aventure, poème en prose de Jane Cals | 1920 | |
La Ronde | 1920 | |
Amour en province | 1926 | |
La Belle Captive. [Petite ville.] | 1927 | |
Vacances à Villefranche. Un chapitre de ma vie | 1927 | |
Amour en province | 1928 | |
Cuq Léon, roman inédit | 1928 | |
La Parisienne | 1928 | |
Conseils aux amoureux, par Jeanne Ramel-Cals. | 1929 | |
La Fidèle bergère. 10e mille | 1929 | |
Les Histoires des Albigeois. | 1929 | |
La fidèle bergère | 1932 | |
Belle-dame | 1933 | |
Ingratitude. Paroles de Jeanne Ramel-Cals. | 1933 | |
Les Deux Prétendants. Paroles de J R-Cals. Piano et chant | 1934 | |
Partie de plaisir. Texte de Jeanne Ramel-Cals | 1934 | |
Le Jardin | 1935 | Édition du Raisin |
Légendaire de Cordes-sur-Ciel, illustré par l’auteur | 1947 | Fayard |
Le paradis retrouvé | 1949 | Fayard |
Putéolien et Canacois | 1950 | Fayard |
Le coq et la girouette | 1952 | Fayard |
Le Chevalier cathare (des gargouilles aux garages) | 1956 | IMP COOP S-O |
Cordes-sur-Ciel, magies et mystères de son passé. | 1957 | |
Légendaire de l’Occitanie, albigéisme et vie des châteaux… | 1969 | |
La découverte de l’Italie | ? | |
L’écharpe blanche | ? | |
Le Retour | ? | |
Souvenir de l’Exposition | ? | |
Les Femmes imprudentes, roman. 5e édition | 1934/1950 | Fayard |
Académie de Cordes | Académie de Cordes | Académie de Cordes |
Sources :
https://www.lescabannes81.fr/personnages-celebres/jeanne-ramel-cals.html
Archives photos et articles : documentation@ladepeche.fr
Biographie de J-R-C par Boutillier du Retail dans Le Matin, du 20 janvier 1935
Auteurs liés en tant que compositeur (2)
Hector Fraggi (1882-1944) Yvan Gosselin (18..?-1965)
et différents sites de la toile.
Très intéressant et bien écrit. Mais je n’ai pas retrouvé sa tombe au cimetière des Cabannes.
Il y a 2 cimetières à Cordes. Avez vous visité l’autre ? Sa tombe est à l’entrée à droite le long du mur. Je peux vous envoyer la photo si vous me donnez votre mail
mariannefaure7@gmail.com
Bonjour,
Je ne l’ai pas trouvée non plus, est-ce qu’il s’agit de l’ancien ou du nouveau cimetière à Cordes ? Si oui, à droite en rentrant, mais à partir de l’entrée du haut ou du bas ?
En vous en remerciant par avance.
Denis
Ce n’est pas le cimetière de Cordes mais celui des Cabannes . Quand on est face à sa sépulture où quatre noms sont gravés sur la pierre, on a Cordes en face. C’est la deuxième (ou 3eme) contre le mur à droite quand on rentre par la porte du Sud en venant de l’église.
Et par contre il y a bien une tombe de la famille Gibert dans le cimetières des Cabannes, proche du mur entre les 2 entrées. Est-ce que c’est celui-là ?
Merci.
Je suis l’arrière petite-fille de Jeanne Ramel-Cals. En famille, les adultes l’appelaient “Adèle” et les enfants “Mana”. Ce surnom de “Mana” a-t-il un lien avec le concept ethnologique ? Personne ne le sait. Quoi qu’il en soit, il lui va bien. Claude Levi-Strauss le définit comme un “signifiant flottant” qui n’a pas de signification précise et qui exprime plutôt le plaisir de jouer avec les mots. De nos jours, le terme de “Mana” est surtout utilisé dans les jeux de rôle pour définir “l’énergie magique d’un personnage”…. C’est vraiment cela.
Je suis impressionnée et très touchée par le numéro que vous lui avez consacré. Il est complet et très juste. Merci.
Bonjour, je vous envoie quelques photos de la tombe au cimetière des Cabanes. Elle est enterree avec ses grands parents, et son fils jean L’Hernault (mon père). Cordialement